Il n'y a pas d'écoles préscolaires au 5, rue Sésame

Contribution par: L'Initiative pour les enfants et les jeunes d'Ottawa

 

De nombreux médias récents portent sur le thème de la préparation à la scolarisation et l’émission célébrée pour les tout-petits, 5, rue Sésame. On y retrouve des messages adressés aux parents qui sont, aux mieux, contradictoires, et au pire, éventuellement nuisibles à la santé de leurs enfants.

 

 

L’âge digital est déjà chargé d’une masse d’enjeux qui compliquent la défense des intérêts de la santé des enfants –les médias rajoutent à cette confusion en affirmant aux parents : Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas mauvais de mettre votre enfant devant un écran; c’est possible que ça leur soit même très avantageux. 

 

 

Deux articles [i] parus dernièrement examinent les avantages éducatifs de l’émission 5, rue Sésame pour les enfants d’âge préscolaire. Ils déduisent que selon une étude effectuée sur l’émission, qu’elle est comparable à certains égards à l’école préscolaire elle-même comme outil d’apprentissage. Caché vers la fin d’un des articles, on note que l’émission ne pourrait jamais remplacer l’apprentissage social et émotionnel qui prend place à l’école préscolaire, mais en gros, les deux textes semble arriver à la conclusion que les parents ne devraient pas se soucier de laisser leurs enfants devant un écran, parce qu’après tout, ils sont en train d’apprendre.

 

Sans doute, 5, rue Sésame touchent sur plusieurs thèmes reliés au développement sain des enfants. Par contre, la difficulté avec ces articles c’est qu’elles n’adhèrent pas à la messagerie commune du secteur de services et de santé de la petite enfance. De nos jours, les enfants ont un accès presque illimité à quelque forme d’écran – soit les téléviseurs, les portables, les tablettes, etc. – qui empêche l’interaction interpersonnelle, et réduit le temps passé dehors, à faire de l’activité physique.

 

En moyenne, un enfant à Ottawa passe au-delà de 7 heures de sa journée devant un écran, ce qui nuit à son développement, et qui provoquera sûrement de mauvaises habitudes et de résultats néfastes. Les fournisseurs de services pour les tout-petits, et les défendeurs de leurs intérêts travaillent sans relâche pour faire comprendre aux parents que leurs enfants devraient passer beaucoup moins de temps devant un écran, surtout les enfants de moins de 2 ans, qui ne devraient y passer aucun temps. Mais voilà que les médias stressent les avantages sur le plan académique pour les enfants qui visionnent 5, rue Sésame régulièrement.

 

L’information contenue dans ces articles pose surtout problème pour les enfants de familles défavorisés. Ces familles sont déjà difficiles à joindre quand il s’agit de leur faire comprendre les avantages d’enregistrer leur enfant  dans une école préscolaire. Tandis que les fournisseurs de services livrent une bataille sur ce front, les deux articles ci-dessus évoquent qu’on pourrait presque considérer l’émission comme une alternative bon marché à l’école préscolaire comme tel. Ils vont jusqu’à poser la question : pourquoi versons nous de telles sommes d’argent dans le secteur de la petite enfance, quand on pourrait simplement encourager les familles à jouer 5, rue Sésame pour leurs petits?

 

Ce message est démoralisant pour les fournisseurs de services, car elle nuit inévitablement au progrès qu’ils ont fait avec certaines de ces familles, et pourrait avoir des conséquences pour leurs efforts à l’avenir. 

 

Nous n’avons aucune intention de discréditer l’étude qui a désigné les bénéfices éducatifs de 5, rue Sésame. Par contre, nous voulions souligner que les résultats de cette étude sont basés sur des donnés des premières années de diffusion de l’émission, soit dans les années 1960 et 1970, avant que les enfants soient surexposés à la télévision et aux autres écrans.

 

Nous ne prenons pas une position contre les résultats de cette étude, mais contre la façon dont ils ont été présentés: les médias les ont disséminés aux parents gravement hors contexte, de manière à leur confondre sur les meilleures pratiques de la préparation à la scolarisation, à éroder les efforts des fournisseurs de services autour de la messagerie commune, et à nuire au développement sain de nos enfants.                            

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